Jean-François et moi sommes devenus Famille d’Accueil de LOGAN le 13 mars 1995. Nous avons assuré sa pré-éducation durant 16 mois. En avril 1996, LOGAN a été réformé. Entre temps, nous avions adopté son frère LUCKY et commencé avec lui une vie de chien de sport. Une fois la convalescence de LOGAN terminée, nous avons continué notre travail de Famille d’Accueil en tant que Famille-Relais.
Voici le récit de toutes nos péripéties durant ces années mémorables.
1 - LOGAN, les mois jeunesse.
“Je serai guide d’aveugle” !
“Oui, on ne le dirait pas, car je suis tout petit, mais un grand destin m’attend : je crois bien avoir compris que je serai “Guide”... de quelque chose.
Mais en attendant, il y a plein de choses à voir et à découvrir.”
Voilà bien ce que devait se dire notre petit bonhomme dans sa petite tête de chien !
Voici quelques épisodes de la jeunesse de LOGAN, petit Labrador noir que nous a confié l’Ecole des Chiens-Guides d’Aveugles de l’Ouest, avec pour mission de lui apprendre les “bonnes manières”, de l’éveiller, de lui faire découvrir le maximum de choses et de lui donner le goût d’apprendre... entre autres !
Pour plus d’informations sur le Travail des Familles d’accueil de jeunes Chiens-Guides, reportez-vous au site de l’école (voir page de liens.
2 - LOGAN à l’ECGAO (Ecole des Chiens-Guides d’Aveugles de l’Ouest)
Je travaillais Logan en ville plusieurs fois par semaine. Après l’école, le soir, à Saumur toute proche, et à Angers le mercredi. Un chien-guide doit être parfaitement à l’aise en ville et n’avoir peur de rien. Il doit avoir été habitué dès les premiers jours avec nous, les Familles d’Accueil, à toutes les situations de la ville et ne pas les craindre. Je l’ai donc emmené au marché, au restaurant, dans les galeries marchandes, à la gare, au centre ville. Nous avons franchi des passerelles au-dessus du vide, traversé des tas et des tas de passages pour piétons, marché sur des plaques d’égout bruyantes et des grilles de ventilation près du théâtre et regardé passer les TGV à la gare d’Angers. J’étais fière de lui, il manifestait une confiance absolue en toutes circonstances.
À partir de l’âge de 6 mois, LOGAN a commencé à faire chaque mois des petits stages de 3 à 4 jours à l’Ecole des Chiens Guides d’Aveugles de l’Ouest, à Angers. Je le conduisais le lundi matin, puis je venais le récupérer le jeudi soir. Pascal, son éducateur peaufinait son apprentissage de manière plus spécifique en vue de son futur métier.
Ces périodes de séparation étaient dures à vivre pour lui, comme pour nous. Durant ses absences, la maison était si vide... jusqu’à ce que nous adoptions son frère jumeau, LUCKY, réformé pour “excès de zèle” le 27 novembre, à l’âge de dix mois !
Mais durant ces séjours, les journées de LOGAN étaient bien remplies. J’ai suivi une de ses sorties en ville, pour me faire une idée de son travail.
3 - LUCKY, mon chien
“Moi, je veux m’éclater” !
Oui, eh bien, au départ, ce ne fut pas le cas, du moins pas comme l’entendait LUCKY !
À l’école, à sa famille d’accueil, il a montré qu’il avait plein de compétences, dans des domaines aussi variés que l’électricité, la (dé)pose des papiers peints, la sculpture sur bois de pieds de table, le jardinage, l’entretien du linge, débarrasser la table et faire la vaisselle, la pêche et la chasse, l’exploration.... et surtout comme gardien de but !
Mais ce n’était pas tout à fait ce que l’on attendait de lui. Visiblement, il y avait eu une erreur d’aiguillage, quelque part, “là-haut”, et notre petit diablotin s’est retrouvé sur la touche.
À l’âge de 9-10 mois, les Chiens-Guides sont stérilisés. LOGAN n’avait pas dérogé à la règle, mais je le trouvais triste et un peu abattu depuis. Il pleurait souvent, voulait qu’on l’aide pour monter dans la voiture, ne se montrait pas très courageux en sortie... J’en avais parlé à Pascal, mais il pensait qu’il me faisait marcher. Je n’avais pas cette impression, car LOGAN a toujours été très consciencieux et désireux de bien faire, mais je n’avais pas beaucoup d’expérience. En fait, LOGAN avait une dysplasie de la hanche droite et il souffrait , mais l’École ne contrôlait la dysplasie que vers 14-15 mois, à cette époque.
Le matin du 27 novembre 1995, je venais de conduire LOGAN à l’école pour sa semaine de “stage” mensuel, et j’expliquai à Pascal, son éducateur, combien j’avais le cœur gros à l‘idée qu’il allait bientôt partir. C’est alors qu’il m’a lancé sur le ton de la boutade que si je le souhaitais, il en avait un à “placer”.
Il était là, dans le box devant moi, à faire des bonds contre le grillage sur ses pattes arrières, et ses yeux me criaient : “Sors moi de là !!!”
C’était le frère de LOGAN, donc forcément un SUPER chien. LOGAN était tellement adorable !
Je n’ai pas hésité, j’ai dit OUI, tout de suite.
Ce serait un magnifique compagnon pour LOGAN, son propre frère ! Cela devrait lui remonter le moral !
C’est alors que Pascal m’a expliqué pourquoi il le réformait : l’électricité, la vaisselle, et tout ça...
Mais plus il m’en disait, plus LUCKY bondissait, et plus ma résolution de l’emmener se renforçait.
Je suis donc repartie avec mon petit bout de chien tout noir, tout content.... Pascal ne voulait pas me décourager et m’avait donc proposé de le prendre à l’essai.
Aussitôt arrivé au moulin, LUCKY s’est senti chez lui. Nous avons profité du stage de LOGAN pour faire connaissance.
Il s’est montré parfaitement calme et (presque) sage. Enfin, comme un jeune Lab’ de 11 mois, actif et créatif, peut l’être ! Il était si sage, que j’en ai même été gênée, à tel point que, fin décembre, j’ai proposé à Pascal de refaire un essai à l’Ecole des Chiens-Guides. Une heure après, il me rappelait pour me demander de venir le chercher en urgence : il s’était échappé de son box, avait dévasté la salle de soins, éventré les sacs de croquettes, fait le zouave dans toute l’école et mordu l’Educateur. Il était à nouveau et définitivement déclaré inapte au métier de Chien-Guide, sans aucun espoir de rattrapage.
Ce n’était vraiment pas le chien que j’avais l’habitude de voir chez moi !
Pascal m’avait prévenu : “Il est TRÈS intelligent”.
À tel point que nous nous sommes toujours demandé s’il n’avait pas fait son choix et fait en sorte que ce choix se réalise.
LUCKY était un chien très indépendant, qui “roulait” pour son propre compte et savait très bien obtenir de la vie ce qu’il voulait.
Une semaine après, j’avais ses papiers en ma possession et à nouveau un chien à moi.
Et quel chien !
Jamais je n’ai regretté de l’avoir adopté.
Et jamais un chien ne nous a autant apporté. Il nous a ouvert tout un monde nouveau et nous a entraînés derrière lui dans une magnifique aventure.
LUCKY, nous l’avons bien vite compris, c’était le “petit bout” pour lequel nous avions eu ce coup de foudre, lorsque nous avions vu la portée pour la première fois.
“Moi, je veux m’éclater” !
4 - LOGAN, la réforme
Avec la compagnie de LUCKY, le moral de LOGAN a remonté. Mais il geignait toujours dans certaines circonstances.
En avril à l’âge de 15 mois, il est allé, comme tous les jeunes chiens-guides de son âge, passer ses radios de contrôle des hanches, épaules et coudes, ainsi que le contrôle des yeux. Le chien appartenant à l’École, c’est cette dernière qui prend tout en charge. La visite de contrôle s’est passée durant un des stages mensuels de LOGAN. Le soir, j’ai reçu un appel de Pascal me convoquant à la clinique. Le vétérinaire venait de rendre son diagnostique, LOGAN avait une grosse dysplasie de la hanche droite. Si on voulait le sauver, il fallait l’opérer. Il avait aussi l’épaule gauche “suspecte”.
Pascal m’a dit alors : “Je le réforme. Qu’est-ce que vous voulez faire ? Vous voulez l’adopter ou je le place ?”
C’était abrupt, irrévocable. Le ciel me tombant sur la tête ne m’aurait pas rendue plus groggy !
J’ai demandé à parler au vétérinaire, car je ne savais même pas ce que c’était, cette histoire de dysplasie. Mes précédents “bâtards” n’avaient jamais eu de truc pareil ! Patiemment, le vétérinaire m’a expliqué de quoi il s’agissait, ainsi que l’opération qu’il voulait faire subir à LOGAN. Cela s’appelle une triple ostéotomie du bassin. Il s’agit de couper l’os du bassin en trois, puis de le repositionner comme il faut autour de la tête du fémur à l’aide de plaques métalliques. On supprime aussi quelques muscles adducteurs. J’étais effarée. Mon pauvre petit bonhomme allait-il devoir subir une chose aussi cruelle ? C’était terrifiant !
Pascal m’avait laissé LOGAN pour quelques jours encore, le temps que je prenne ma décision, et il était retourné à l’école. Je suis donc rentrée à la maison avec LOGAN pour annoncer la terrible nouvelle à Jean-François et voir ensemble ce que nous allions faire. Nous nous sommes renseignés sur cette maladie, qui semble particulièrement fréquente chez le Labrador. Nous avons trouvé des gens et des vétérinaires pro-opération, assez peu, en fait, et des opposants farouches. Parmi ceux-ci, les espoirs étaient faibles, et on parlait même de sectionner la tête du fémur quand il y aurait trop d’arthrose dans l’articulation. C’était l’escalade dans l’angoisse ! Quant à l’opération, c’était nouveau, et assez peu pratiqué, en France tout du moins. C’est pour cela que les gens y n’y étaient pas favorables. Ils manquaient de recul pour se faire une idée.
Finalement, nous avons décidé de faire confiance à ce jeune vétérinaire. Il semblait passionné par son travail et très convaincu. Nous avons donc fixé la date de l’opération pour le 30 avril, et j’ai annoncé à Pascal que nous adoptions LOGAN. Il a essayé de m’en dissuader, me disant que dans son état, il serait grabataire à 5 ans !
L’opération s’est bien passée. Entre temps, LUCKY avait commencé l’Agility et le Travail à l’eau. Nous avons attendu l’année suivante, et LOGAN a commencé aussi la natation. Le vétérinaire nous le conseillait très fortement. Au jour où j’écris cette page, LOGAN a presque 13 ans et demi. Sa hanche opérée a magnifiquement tenu le coup, il n’y a presque pas d’arthrose et on peut même dire que cette opération a sauvé la deuxième. Nous ne regrettons pas du tout nos décisions, ni celle d’adopter LOGAN, il nous l’a rendu au centuple, ni celle de le faire opérer, car cette opération l’a sauvé.
Et à partir de cette date, nous sommes devenus “Famille relais”.
Mais juste avant l’opération, nous avons offert à LOGAN de belles vacances en Auvergne.
5 - Famille Relais, RADJA & Co.
Nous avons donc vu passer chez nous beaucoup de ces jeunes diablotins, tous très enthousiastes, excessivement gourmands de choses apparemment non comestibles (le savaient-ils seulement ?), et surtout particulièrement créatifs et joueurs.
Pablo, Mélisse, Maldive et son frère Muscat, Odin, Newton, Nagano, Névil, que j’avais surnommé “Dévil”, tant il était insupportable (il a été réformé !) etc, etc, je ne me rappelle pas de tous les noms.
Et puis un jour, au début des vacances de juillet 2001, alors que j’étais encore sous le choc d’avoir obtenu le Brevet de Sauvetage en mer avec brio avec LOGAN, ainsi que remporté le Championnat de France de Travail à l’eau , l’École m’appelle pour me confier une petite chienne Labrador de 7 mois, RADJA. Elle avait eu un parcours difficile, plusieurs familles qui n’avaient pas pu la garder pour des raisons personnelles, mais aussi des rapports difficiles avec les chiennes de ces familles. Elle était sensible, un peu craintive, pas du tout motivée pour travailler en ville et peu résistante car facilement stressée. Mais pour une fois, je récupérais un amour de petit chien, un vrai petit bonheur, comparé aux “monstres” que l’École avait l’habitude de me confier.
J’ai appris plus tard par le biais d’une éducatrice qui avait quitté Angers, qu’en fait, si je récupérais ces “monstres”, c’est que j’avais acquis la réputation de ne pas m’en laisser compter et de bien cadrer les chiens. Le fait que je m’en sorte avec LUCKY, peut-être ???
Je n’ai pas beaucoup de mérite, je crois, c’est surtout que j’adore le Labrador et que je m’entends très bien avec lui. C’est un chien qui joue tout le temps, et j’adore cette manière de travailler. Je ne m’en sortirais jamais avec un Terre Neuve, par exemple, ou avec un chien qui m’obligerait à des rapports de force.
Bref, on me confiait les chiens qui avaient des problèmes d’autorité, de rappel (souvent), de hiérarchie, qui tiraient sur la laisse et que je travaillais de manière différente... mais rarement des petits amours comme cette petite RADJA.
RADJA, née le 17 décembre 2000, issue de l’élevage du CESECAH, est donc entrée dans notre vie le 10 juillet 2001.
RADJA ne devait rester que l’été chez nous. Mais comme cela se passait bien, et qu’elle commençait à montrer plus de confiance, son éducatrice a émis le souhait que je la garde.
Cette année-là, j’avais dans ma classe trois jeunes enfants atteints de handicap, une mal-voyante, une mal-entendante et un jeune garçon amputé de la main droite. Le handicap était très présent dans notre vie de classe, et le fait que je sois Famille d’Accueil pour Chien-Guide les a beaucoup intéressés. J’ai donc monté un nouveau projet, comme pour LOGAN, et la classe, ravie, est devenue la Famille d’Accueil étendue de RADJA.
Nous avons donc repris le rythme que je connaissais bien, avec un stage de quelques jours par mois à l’École pour RADJA. Un jour, nous avons pris le car tous ensemble pour conduire RADJA à l’École afin qu’elle suive un de ses stages. Les enfants étaient ravis, leur petite chienne était “écolière”, comme eux ! Nous en avons profité pour visiter les installations et poser des tas de questions à Christine, qui accueille les groupes.
En décembre, RADJA a passé ses radios de contrôle. L’École les faisait maintenant un peu plus jeunes. Malheureusement, la pauvre était atteinte de dysplasie des DEUX hanches ! Le scénario se répétait ! Opération, réforme, placement...
Cette fois, contrairement à ce qui s’était passé pour LOGAN, l’École prenait en charge les opérations, ainsi que la première semaine de convalescence.
Les enfants étaient catastrophés.
Nous avons organisé des débats pour décider du sort de RADJA.
Après bien des discussions, aucun enfant ne pouvant l’accueillir dans de bonnes conditions (les soins post-opératoires, et les risques liés à la dysplasie...) et nous ne voulions pas qu’elle parte n’importe où avec le danger de se faire abandonner, j’ai accepté d’adopter RADJA et promis de la ramener de temps en temps en classe. J’ai aussi dit aux enfants qu’ils pouvaient passer la voir quand ils le voulaient au Moulin. C’est d’ailleurs ce qu’ils font encore, de temps en temps, et ils se revoient tous avec grand plaisir.
RADJA a été opérée en deux fois, en novembre, puis en décembre 2001.
Elle s’est mise à la natation, elle aussi, dès le printemps 2002.
À force de voir travailler ses deux “frères”, elle avait une petite idée de la chose : en mai, elle avait son premier degré, avec un excellent et une première place, en Août, son deuxième degré, avec aussi une première place, et en Octobre, son troisième, avec la deuxième place et un excellent derrière LUCKY.
Une vraie petite “championne” !!!
Nous avons continué à prendre de jeunes chiens, en relais, jusqu’à l’adoption de MOON, entrée dans notre vie le 25 octobre 2002.
“Radja, notre petit rayon de soleil” !
